Paracétamol et alcool : un mélange à risques

7 Août 2018

Prendre un comprimé de paracétamol avant d’aller se coucher pour éviter la gueule de bois du lendemain semble être une pratique courante. Pourtant ce réflexe en apparence sans conséquence pour la santé, n’a rien d’anodin. On vous explique pourquoi prendre ce comprimé  après avoir bu quelques verres présente des risques.

Alcool et paracétamol : un mélange à risques

Le paracétamol est l’un des médicaments les plus utilisés en France. Présent dans tous les foyers, (sous le nom de Doliprane, Dafalgan, ou encore Efferalgan), cet antidouleur est incontournable dans nos pharamacie s. Pour certains, il fait partie du quotidien.

Sous son apparente banalité, cet antalgique peut avoir des effets indésirables. Le prendre pour contrer une gueule de bois n’est pas sans danger pour la santé.

Tout le monde sait qu’un surdosage de ce médicament peut provoquer des effets secondaires néfastes et endommager le foie. En France, c’est la première cause de greffe de foie pour hépatite aiguë grave. Même si la dose toxique du paracétamol varie selon les individus, cette hépatotoxicité augmente lors d’une consommation d’alcool.

Médicament et alcool : un cocktail à éviter

Les deux font rarement bon ménage car ils s’influencent mutuellement.

Leurs interactions négatives  sont malheureusement assez peu connues et leurs conséquences sous-estimées. Saviez-vous que les boissons alcoolisées interagissent négativement avec plus de 150 médicaments, dont bon nombre sont d’utilisation courante ?

Si la prise concomitante de ces deux substances ne pose pas toujours problème, cette ‘cohabitation’ dans l’organisme  se traduira différemment : les boissons alcoolisées peuvent réduire l’efficacité d’un comprimé ou gêner l’élimination de celui-ci. A l’inverse, certains cachets peuvent augmenter les effets de l’alcool ou ralentir son élimination.

Pourquoi le paracétamol est toxique lorsqu’il est associé à l’alcool ?

Ces deux substances sont métabolisées dans le foie selon un mécanisme commun lors d’une alcoolisation importante.

Ils  entrent en compétition dans l’organisme en monopolisant les mêmes enzymes hépatiques (cytochrome CYP2E1) et les mêmes mécanismes cellulaires (glutathion). Par ce phénomène de conflit dans le métabolisme, l’activité du foie devenant trop importante, il traitera prioritairement l’alcool.

L’excès de cytochromes conjugué au déficit de glutathion ne lui permettra pas d’assurer ses fonctions hépatiques dans la métabolisation du paracétamol.

Les conséquences d’une telle association sur le foie

La prise récurrente de paracétamol ou/et associée à l’alcool peut altérer les cellules hépatiques.

Un surdosage  ou une forte consommation durant une journée peut provoquer une hépatite médicamenteuse, voire une insuffisance hépatique aiguë pouvant entraîner la mort si aucune transplantation hépatique n’intervient très rapidement.

Si le risque de cette molécule sur le foie est connu, il est plus important pour les consommateurs réguliers d’alcool, même à dose thérapeutique. Le risque d’hépatite aiguë  pour ces personnes est plus élevé. Une étude menée par des médecins français va plus loin et met en lumière le phénomène étiqueté  « mésaventure thérapeutique au paracétamol chez le buveur excessif » en cas de consommation chronique d’alcool ou de jeûne prolongé.

Les précautions à prendre

Sauter systématiquement sur une boite de paracétamol avant d’aller se coucher ou au réveil pour éviter la gueule de bois  n’est clairement pas une bonne idée. Combiner alcool et paracétamol est un cocktail toxique. Si toutefois exceptionnellement vous n’y résistez pas, il conviendrait :

  • de ne pas l’associer à d’autres médicaments qui pourraient également contenir cette molécule pour éviter le surdosage involontaire,
  • d’espacer un intervalle de 4 heures entre les prises sans dépasser 3 grammes par jour.
  • en fonction de votre état de santé, de demander à votre médecin s’il peut être pris avec une consommation d’alcool, régulière ou occasionnelle.
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